Les causes de la Révolution française

Une Révolution est une période historique de profonds changements, économiques, politiques et de la société.

Comment la Révolution française a t’elle pu démarrer ? Quelles sont les causes du soulèvement de la population en France ?

Il faut préciser tout de suite qu’il existe des causes immédiates et des causes profondes à la Révolution qui débuta avant tout car l’Etat monarchique français était impossible à réformer.

I) Les causes profondes : une société inégalitaire

1) Les contradictions sociales

Le principe fondamental régissant l'ordre social de l'Ancien Régime était l'organisation en trois ordres distincts, inégaux devant la loi et l'impôt.
La noblesse (400 000 membres) 2% et le clergé (115 000 membres) 1%, très minoritaires, bénéficiaient de nombreux privilèges symboliques et substantiels par rapport au tiers état 97% (25,5 millions de personnes). Chacune de ces classes était elle-même profondément divisée. Dans les rangs de l'aristocratie, la noblesse d'épée — de très ancienne lignée — méprisait la noblesse de robe, anoblie par faveur royale. La noblesse de province (petits seigneurs souvent appauvris et parlementaires des villes) accusait l'aristocratie de cour d'accaparer les avantages. Il en était de même au sein de l'Église, où à un haut clergé (archevêques, évêques en particulier) s'opposait un bas clergé (congrégations séculières, curés, vicaires, religieux), issu du tiers état et souvent misérable.
Le tiers état était constitué d'une immense majorité de paysans, mais comprenait également des artisans et des bourgeois (roturiers).
L'une des principales causes de tensions sociales à la fin du XVIIIe siècle était la persistance d'une société rurale à structure féodale, alors que le début de la révolution industrielle avait engendré l'apparition d'une bourgeoisie urbaine. L'ascension de cette classe était freinée par le cloisonnement en ordres et en corporations ainsi que par les privilèges de la noblesse. Cette force montante, qui disposait déjà du pouvoir économique, cherchait à s'arroger le pouvoir politique pour imposer un cadre économique libéral qui lui soit favorable.
Les impôts étaient aussi très archaïques, l’Etat était centralisé et les impôts très lourds pour le Tiers Etat.



2) Les changements culturels
On a depuis longtemps imputé les fondements philosophiques de la Révolution à Voltaire et à Rousseau. Les idées des Lumières avaient pénétré progressivement toutes les couches de la société. Le rationalisme et le progrès, l'aspiration à plus de liberté et d'égalité se répandaient partout, y compris dans l'aristocratie. Mais la société d'ordre reste accrochée à ses privilèges, et, dans certaines campagnes, on assistait même à une aggravation du régime seigneurial de la part des petits nobles, souvent appauvris qui remettaient en place des impôts et taxes qui avaient été oubliés depuis bien longtemps.
Dans un tel contexte, la nécessité d'un changement était ressentie par tous. La France semblait mûre pour une réforme de la monarchie. Mais la Révolution allait manifester une conjonction chaotique de plusieurs mécontentements : celui, traditionnel et violent, des émeutes populaires; celui, nouveau, des talents inemployés, qui formaient une sorte de prolétariat intellectuel, bloqué dans son désir d'ascension sociale.

II) Les causes immédiates

1) La fin de la croissance économique, la dette (voir tableau 1 page 176).
Depuis 1776, la France était sortie du cycle de croissance entamé en 1730. Louis XVI a la malchance de régner dans une conjoncture économique difficile, marquée par une hausse des prix et par un accroissement de la pauvreté et du chômage.
Les solutions envisagées par des ministres éclairés et résolus (dont Necker, ministre à partir de 1788 dans une période de crise) de Louis XVI impliquaient toutes la fin des privilèges fiscaux et donc une forte contribution des classes exemptées. Tous se heurtèrent à la résistance de l'aristocratie, accrochée à ses privilèges.
Les nobles en appelèrent à l'opinion publique pour réclamer la convocation d'états généraux (assemblée réunissant les représentants du clergé, de la noblesse et du tiers état) et fomentèrent de véritables émeutes qui plongèrent le pays dans l'anarchie pendant près d'un an (journée des Tuiles à Grenoble, le 7 juin 1788) voir document 4 page 177. Leur but était en fait de déconsidérer le roi pour lui imposer un pouvoir aristocratique.

2) La crise économique et le terrible hiver.
La crise industrielle provoquée par l'arrêt des importations espagnoles de laine et de drap, ainsi que par l'ouverture du marché français aux produits anglais, en 1786, entraîna de nombreuses fermetures d'usines. Les industriels ont alors commencé à attaquer la monarchie et sa politique industrielle désastreuse. La misère populaire augmenta. Les consommateurs devaient consacrer une part de plus en plus importante de leur budget à l’achat de denrées alimentaires au détriment d’autres biens de consommation.
Aux difficultés économiques et financières s'ajouta une crise agricole provoquée par une série de mauvaises récoltes. Après les pluies et les inondations de 1787, la sécheresse de l’été 1788 et les rigueurs de l'hiver 1788 - 1789, le pays connut une pénurie de blé. Au printemps 1789, les prix sont montés en flèche voir graphique 2 page 177(prix du pain multiplié par deux à Paris, par trois en province). Les seigneurs et les agents de l’Etat sont accusés de cacher volontairement des stocks de céréales pour faire augmenter les prix. Le brigandage se multiplie ainsi que les actes de vagabondage et la mendicité qui ont généré un climat d'insécurité et de peur dans les campagnes.
De nouveaux impôts devaient être levés pour remédier à la situation désastreuse. La seule solution consistait à réunir les Etats Généraux, instance non réunie depuis plus de 150 ans (la dernière réunion remontait à 1614).